Panoramas de Lozère

Photos : Patrick Petit et Laurent Massé

L'Aubrac

A cheval sur les départements de l’Aveyron et de la Lozère, le plateau d’Aubrac est encadré par les vallées de la Truyère au Nord et du Lot au Sud. Sa limite Ouest correspond à la confluence des deux rivières à Entraygues-sur-Truyère, et sa limite Est, plus floue, correspond à la zone déprimée qui le sépare des Monts de la Margeride, suivie par le tracé de l’A75.

Bien qu’il soit célèbre avant tout pour les formations volcaniques (pourtant largement érodées et donc peu spectaculaires) qui recouvrent sa partie centrale, l’Aubrac est pourtant majoritairement granitique. Mais il doit son individualité et son charme à une morphologie glaciaire de plateau typique. C’est au Sud-Est de Nasbinals, dans la partie lozérienne, que ce paysage est le mieux caractérisé, avec des immensités tapissées de moraines et ponctuées de lacs post-glaciaires, dont émergent des échines de granite rabotées par l’érosion glaciaire, et quelques cheminées volcaniques isolées comme celle de Marchastel.

Le ruisseau des Plèches franchissant la « chaussée des géants » basaltique du Pont des Nègres (N 44.623769, E 3.071051)

Les immensités de l’Aubrac lozérien depuis le Pont des Nègres. A l’horizon, le village et le neck basaltique de Marchastel (N 44.623769, E 3.071051)

Le village d’Aubrac depuis le buron des Bouals (N 44.628053, E 2.995171)

La tourbière de La Vergne Noire (N 44.687802, E 2.925668)

Les Grands Causses et les vallées du Tarn et du Lot

Totalement dépourvus de réseau hydrographique aérien, les plateaux des Grands Causses sont développés sur un substrat de calcaires jurassiques et constituent un véritable musée de la morphologie karstique. Ils s’étendent depuis la vallée du Lot au Nord jusqu’à la région de Lodève au Sud. D’une altitude moyenne de 1000 m à l’Est et 900 m à l’Ouest, ils sont séparés les uns des autres par de profonds canyons dont la profondeur peut atteindre 500 m. Les deux grands causses lozériens, les plus septentrionaux, sont le Sauveterre au Nord, entre les vallées du Lot et du Tarn, et le Méjean au Sud, le plus sauvage et le plus typique, entre les vallées du Tarn, de la Jonte et du Tarnon.

Beaucoup moins connus, des petits plateaux périphériques appelés « avant-causses » offrent des paysages un peu plus variés mais tout aussi spectaculaires, depuis les « trucs » de la région de Marvejols à l’emblématique « cham » des Bondons aux confins du Mont Lozère, en passant par le Causse de Mende, auquel on accède depuis la ville par la « montée Jalabert », classique des arrivées du Tour de France. Ces plateaux calcaires s’étendent vers le Nord-Est jusqu’à la discrète Plaine de Montbel, à la jonction des trois bassins versants de la Loire, de la Garonne et du Rhône.

Le Castellas de Saint-Laurent-de Trèves et ses empreintes de dinosaures offre cet exceptionnel panorama sur la corniche orientale du causse Méjean, véritable coupe géologique depuis les schistes des Cévennes en fond de vallée du Tarnon jusqu’aux niveaux dolomitiques ruiniformes du Jurassique moyen. A la droite de l’image, les contreforts de la Cham de Tardonnenche. Au centre de l’image, au fond de la vallée la ville de Florac, et à l’horizon la Cham des Bondons et la retombée occidentale du Mont Lozère (N 44.27228, E 3.599994)

Les épais niveaux de marnes grises du Lias supérieur forment ces vallons ravinés par les précipitations, localement appelés « enfers ». Depuis le Nord du hameau de Cénaret, la perspective s’étend au Sud vers le village de Recoulettes, la vallée du Lot et la corniche du Causse de Sauveterre (N 44.513608, E 3.397514)

Aux confins Sud-Ouest du Mont Lozère, le spectaculaire paysage de la Cham des Bondons et ses trois buttes-témoin de marnes du Lias supérieur couronnées de niveaux plus durs du Jurassique moyen. Au premier plan, les deux Puechs, au second plan, l’Echine d’Aze. A l’horizon, on devine la corniche et la surface du Causse Méjean à gauche, et le Causse de Sauveterre à droite (N 44.404021, E 3.613244)

Depuis la croix du Mont Mimat, la ville de Mende, la vallée du Lot, et les contreforts méridionaux de la Margeride. A l’horizon à gauche, le Truc de Fortunio, point culminant du massif (N 44.510657, E 3.493746)

Au Sud-Est du Causse Méjean, le lapiaz dolomitique de Nîmes-le-Vieux près du hameau de L’Hom (N 44.225151, E 3.510252)

Au coeur des gorges du Tarn, le village et le méandre de Saint-Chély vus depuis la corniche du Causse Méjean (N 44.329537, E 3.384236)

Depuis la bordure sud du Causse de Mende, le Truc de Balduc évoque un visage fantastique émergeant de la dépression marneuse du Valdonnez. A l’horizon, la corniche du Causse de Sauveterre. C’est ici qu’a été tournée la scène finale de « La Grande Vadrouille » (décollage des pistes de l’aérodrome de Mende, légèrement à l’Est du point de prise de vue) (N 44.494449, E 3.526246)

Depuis la bordure du Causse de Sauveterre, les villages d’Ispagnac (à gauche) et Quézac (à droite), au débouché des gorges du Tarn (à l’extrême droite de l’image). Au centre, le Single (1061 m) marque l’avancée la plus septentrionale du Causse Méjean (N 44.384325, E 3.517736)

La Canourgue, la vallée de l’Urugne et les contreforts du Causse de Sauveterre (N 44.434565, E 3.21418)

Le canyon du Tarn vers l’est depuis le Point Sublime. A gauche, le Causse de Sauveterre, à droite, le Causse Méjean (N 44.304182, E 3.239795)

Les Cévennes

Depuis les plateaux granitiques de la Borne au Nord jusqu’au sommet de l’Aigoual au Sud, en passant par la bordure orientale du Mont Lozère abruptement découpée par la faille de Villefort (ou « disclocation régordane »), les sommets des crêtes cévenoles offrent une série de spectaculaires panoramas vers les plateaux calcaires ardéchois et gardois et la vallée du Rhône. A l’horizon, visible d’à peu près partout lorsque les conditions météorologiques le permettent, l’imposante silhouette du Mont Ventoux domine les reliefs des Baronnies et du Vercors au Nord, et le Luberon au Sud. La Camargue et la ligne bleue de la Méditerranée, souvent visibles du sommet de l’Aigoual, se devinent même parfois depuis le Belvédère des Bouzèdes à l’extrémité Est du Mont Lozère (un panorama proprement exceptionnel, mais qui échappe étrangement à tout rendu photographique…)

Une petite partie du vaste panorama du Col de Meyrand, au-dessus du village de Loubaresse. Au premier plan, la vallée de la Baume et le village de Valgorge, à l’arrière plan les plateaux calcaires ardéchois. A l’horizon, un peu à gauche du centre de l’image, la silhouette caractéristique du Mont Ventoux se détache à peine de la brume (N 44.605228, E 4.072045)

Vues depuis le village médiéval de La Garde-Guérin, les gorges du Chassezac, entaillant profondément le granite de la Borne, sont un haut-lieu du canyoning. Elle séparent les plateaux de la Garde-Guérin à droite et du Roure à gauche. A l’horizon, le plateau de Montselgues (N 44.478116, E 3.935613)

La vertigineuse descente de La Garde-Guérin vers Villefort offre ce point de vue sur la Cham des Balmelles, le plus méridional des plateaux granitiques de la Borne. Couronné de bancs de grès triasiques à peine visibles au tiers gauche de l’image, il surplombe le barrage et le lac de Villefort à droite, et les gorges de l’Altier à gauche. A l’horizon à droite, la crête du Mont Lozère (N 44.456883, E 3.938974)

Avec le belvèdère des Bouzèdes à quelques kilomètres au Sud, le belvédère du Pré de la Dame est l’un des deux points de vue exceptionnels qu’offre l’extrémité orientale du Mont Lozère. Encadrée par le Roc des Echelles à gauche et les contreforts de la Cézarenque à droite, la vue s’étend au Nord-Est vers les plateaux granitiques de la Borne, vestiges de l’ancienne pénéplaine post-hercynienne recouverts de grès triasiques et découpés de profondes gorges. A l’horizon, au centre les crêtes du massif du Tanargue (ou Montagne Ardéchoise), à gauche le Velay, et à droite les plateaux calcaires ardéchois (N 44.386154, E 3.906101)

Comme toutes les vallées cévenoles, la vallée du Lignon offre une vertigineuse descente en lacets, depuis le Col de la Croix de Bauzon vers Aubenas, en passant par les villages de La Souche et Jaujac, pratiquement invisibles sur cette image. Au fond de la vallée, le très discret cône de scories basaltiques de la Coupe de Jaujac ne se révèlera qu’à ceux qui le connaissent déjà. A l’arrière plan, les plateaux calcaires ardéchois et, au-delà de la vallée du Rhône, à peine visibles dans la brume à l’horizon, les crêtes des Baronnies (N 44.630788, E 4.135118)

Panorama vers le Sud-Ouest depuis la bordure du plateau de Montselgues. Au premier plan, les gorges de la Borne et le village de Saint-Jean Chazorne. Au second plan, le plateau du Roure. Encore plus loin vers la gauche de l’image, on devine les gorges du Chassezac et le plateau de la Garde-Guérin, et enfin la Cham des Balmelles. A l’horizon, les crêtes du Mont Lozère (à gauche), de la Montagne du Goulet (au centre) et du Moure de la Gardille (à droite) (N 44.510789, E 3.99846)

La Margeride

Certainement la moins touristique et donc la plus méconnue des régions naturelles de Lozère, la Margeride correspond, d’un point de vue géographique, à la ligne de reliefs qui s’étend de Mende au Sud-Est au Mont Mouchet au Nord-Ouest. D’un point de vue géologique, il s’agit d’un massif de granite hercynien, l’un des plus vastes du Massif Central, et qui, incluant l’Aubrac, s’étale beaucoup plus largement depuis la vallée de l’Allier au sud de Langogne jusqu’à la région d’Entraygues-sur Truyère à l’Ouest.

Pays de prairies, landes à genêts et forêts de résineux, austère en automne et en hiver, voire inhospitalier lorsque la « tourmente » le balaye, dès le printemps la Margeride révèle toute la richesse de sa palette : les prairies se couvrent de jonquilles et de narcisses dès le mois d’Avril, les genêts repeignent le paysage en jaune vif en Mai. Une floraison multicolore prend le relais en Juin, avec entre autres le bleu violet des raiponces et le rose pâle des renouées bistortes. L’été se poursuit avec le rose intense des épilobes et des bruyères cendrées, et celui plus nuancé des callunes. Une dernière et brève flamboyance lors de l’été indien en Octobre ne laisse alors plus que les taches rouge vif des sorbiers des oiseleurs, qui disparaîtront peu après dans le gris de l’hiver… jusqu’au prochain printemps !

Point culminant des Monts de Margeride un peu au Nord de Mende, le Truc de Fortunio (1550 m) offre l’un des plus vastes panoramas du Massif Central, d’autant plus complet qu’il est en position centrale. Tous les principaux massifs et sommets sont visibles en toute saison : les sucs du Velay au Nord-Est, les Monts Dore et le Cantal au Nord-Ouest, l’Aubrac à l’Ouest, le Ségala au Sud-Est, l’Aigoual, le Mont Lozère et la Montagne du Goulet au Sud-Ouest, la Montagne Ardéchoise à l’Est. Et lors des belles journées anticycloniques d’hiver, lorsque l’air est particulièrement sec, on peut même voir les sommets enneigés des Alpes autour du Mont Blanc, et le Mont Ventoux. Attention toutefois à un accès relativement difficile en voiture depuis le Col du Cheval Mort, via une route au revêtement très dégradé.

Vue vers l’Est depuis le Truc de Fortunio. La retenue artificielle de Charpal est encadrée à l’arrière-plan par les reliefs du Moure de la Gardille à gauche (1503 m, sources de l’Allier) et de la Montagne du Goulet à droite (1497 m, sources du Lot) à droite. A l’horizon, on devine la Montagne Ardéchoise au centre de l’image, et la retombée du Mont Lozère juste à gauche du bloc de granite (N 44.642481, E 3.532757)

En limite Nord-Est de la Margeride, le lac de Naussac vu depuis les hauteurs de Fontanes. Cette retenue artificielle occupe un demi-graben oligocène, sur la bordure nord duquel sont conservées des latérites jurassiques à La Rougeyre, parfaitement visibles à la gauche de l’image. Sur la rive opposée et un peu à droite, le cône de scories du volcan de Bonjour est l’édifice le plus méridional du plateau volcanique du Devès (N 44.758701, E 3.798073)

Aux confins de la Margeride, du Velay et des Cévennes, le maar du Plagnal, le plus méridional des édifices du Devès, ne se révèle que du sommet du cône de scories du Chapelas (1413 m). A l’arrière plan, de gauche à droite, le Mont Lozère à l’horizon, le Moure de la Gardille, le fossé oligocène et le lac de Naussac (N 44.707205, E 3.950233)

Lande à bruyères cendrées au Signal de Randon, à proximité de Fortunio. A l’horizon, les sucs du Velay, parmi lesquels on identifie sans problème de Mézenc (le plus élevé) et le Gerbier de Jonc (le plus pointu tout à fait à droite) (N 44.65818, E 3.543117)

Un petit aperçu des couleurs d’automne en Margeride près du Col du Cheval Mort. Les résineux conservent leur vert foncé, les bouleaux virent au jaune vif, les merisiers au rouge violacé, et les hêtres au vert pâle puis au roux. A droite, dans le lointain, quelques sorbiers des oiseleurs couverts de baies rouge vif (N 44.672146, E 3.564346)

Le Mont Lozère

Plus haut sommet non volcanique du Massif Central (1699 m au sommet de Finiels), le Mont Lozère est une échine de granites hercyniens s’étendant sur une cinquantaine de kilomètres entre le Causse de Sauveterre à l’Ouest et la faille de Villefort à l’Est. Ce relief d’origine pyrénéenne a été surélevé d’un millier de mètres lors de la formation de la chaîne à l’Eocène, le long de la faille d’Orcières qui le limite au Nord. Il est d’ailleurs dans l’alignement parfait du Mont Ventoux et de la Montagne de Lure de l’autre côté de la vallée du Rhône, apparus simultanément. Il est d’ailleurs très facile de constater sur une carte le parallélisme parfait entre la chaîne pyrénéenne et l’axe Lure-Ventoux-Mont Lozère.

Chaos granitiques et épilobes en fleurs au Sud du Col de Finiels : l’incomparable charme des crêtes du Mont Lozère (N 44.403335, E 3.762689)

Au Sud du Col de Finiels, le vallon de Prat Souteyran descend doucement vers le Pont de Montvert et la vallée du Tarn au milieu des chaos granitiques. A l’arrière plan, la Montagne du Bougès et, à l’Horizon, la crête du Mont Aigoual (N 44.407811, E 3.755678)

La Montagne du Goulet et la Plaine de Montbel

A la jonction des bassins versants de la Loire, de la Garonne et du Rhône, la plaine de Montbel est rattachée aux Grands Causses dont elle est l’ultime lambeau en direction du Nord-Est. Peu spectaculaire visuellement, elle est surtout fascinante du fait d’une particularité hydrologique unique en France : le devenir des gouttes de pluie qui y tombent varie en fonction des conditions. La plupart du temps, le drainage souterrain se fait vers le Sud, en direction du Lot, et donc de la Garonne. Mais en limite extrême Nord-Ouest des fortes pluies orographiques cévenoles, il arrive lors de certains épisodes extrêmes que, le réseau souterrain étant engorgé, le drainage de surface prenne le relais et dirige alors l’écoulement vers le Chassezac, donc le bassin du Rhône, ou encore la Poutaresse, donc le bassin de la Loire.

Surplombant la plaine au Sud, la Montagne du Goulet est géologiquement rattachée aux Cévennes, dont elle représente la terminaison septentrionale, isolée au Nord du Mont Lozère granitique. Sa surrection est également contemporaine de la formation des Pyrénées. Elle est d’ailleurs parfaitement parallèle au Mont Lozère, et limitée comme lui au Nord par une faille, la faille du Goulet, le long de laquelle les schistes cévenols ont été soulevés de plusieurs centaines de mètres à l’Eocène.

La crête de la Montagne du Goulet vue depuis les hauteurs de Mirandol dans la vallée du Chassezac. La partie supérieure boisée correspond aux schistes cévenols, remontés de plusieurs centaines de mètres au-dessus des lambeaux calcaires jurassiques correspondant aux prairies et cultures dans la partie inférieure. Le tracé de la faille du Goulet correspond donc approximativement à la limite entre les prairies et la forêt. Le viaduc ferroviaire de Mirandol est nettement visible en bas à gauche de l’image (N 44.550385, E 3.81335)

La plaine de Montbel depuis le sommet de la montagne du Goulet. Le village de Montbel est juste à gauche du centre de l’image. A droite, le village de Chazeaux au pied des contreforts du Moure de la Gardille. A l’horizon, à gauche la Margeride et le Truc de Fortunio, à droite le Mont Devès, point culminant du plateau du même nom, non loin du Puy en Velay (N 44.53901, E 3.758889)

La plaine de Montbel depuis le col de la Pierre Plantée, encadrée par les reliefs du Moure de la Gardille à gauche et de la Montagne du Goulet à droite. Entre les deux, dans l’axe de la vallée du Chassezac, le Mont Ventoux est visible lorsque les conditions météorologiques s’y prêtent (image ci-dessous) (N 44.586583, E 3.664217)