Pour son passage à un rythme annuel, GéoLozère s’éloigne des terres du Massif Central et s’expatrie dans les Pyrénées occidentales, entre Béarn et Aragon. C’est dans la haute vallée du Gave d’Ossau que nous prenons nos quartiers pour une semaine d’exploration de la géologie de cette barrière naturelle entre la France et l’Espagne, de la verdeur d’un versant nord aux accents atlantiques à la lumière méditerranéenne du versant sud. D’ailleurs nous n’avons pas évité le brusque changement de temps à la frontière, qui a même un peu bousculé notre programme.

Le choix des Pyrénées était purement pragmatique : très largement basé sur une excursion parfaitement rodée des étudiants en troisième année de licence à Bordeaux (hébergement compris…), et reprenant quelques sites majeurs de la route géologique transpyrénéenne, ce circuit demandait peu de repérages et me laissait donc le temps de me concentrer sur la préparation du Puy-de-Dôme pour 2016. Par ailleurs, la géologie pyrénéenne, si elle ajoute un aspect de tectonique récente inédit dans nos circuits antérieurs, est quand même ancrée sur un passé hercynien très proche de celui du Massif Central. D’ailleurs, on y retrouve des grès rouges permiens, des granites hercyniens (on a dormi dessus…!), et même des manifestations volcaniques. Certes, le Pic du Midi d’Ossau est un peu plus difficile à décrypter que ses jeunes congénères centraliens, mais la perspective sur l’ancienne caldeira depuis Bious-Artigues vaut quand-même le détour.

Ce circuit a également été une excellente occasion pour moi de tester l’un des aspects primordiaux de ce que je souhaite faire avec GéoLozère : peut-on présenter et tenter d’expliquer des structures géologiques particulièrement complexes (le duplex des Eaux-Chaudes dans ce cas) à un public dont les attentes et l’intérêt pour la géologie « hardcore » sont très hétérogènes, sans perdre ni frustrer personne ? La réponse est oui, tant les Arcizettes (manifestation dudit duplex) au débouché du tunnel d’Artouste en mettent plein la vue à tout le monde, qu’on ait compris ou non de quoi il retourne. Et dans les Pyrénées (pour autant que le ciel soit avec nous) la magie opère à chaque détour de caillou, des rhododendrons en fleur aux isards sur les crêtes du Moustardé, aux marmottes même plus effarouchées par des touristes enfermés dans des cages sur rails. Sans compter la revigorante garbure de Dominique au retour !

Laurent Massé